Marcel Proust place la musique au-dessus de tous les arts, au-dessus même de la littérature. Il écrit dans La Prisonnière (A la recherche du temps perdu) : « Je me demandais si la Musique n’était pas l’exemple unique de ce qu’aurait pu être – s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots, l’analyse des idées – la communication des âmes.
Même si Proust cite de nombreuses fois dans son œuvre Wagner, Beethoven et Schumann, trois compositeurs français de son époque y tiennent une bonne place : Debussy, Saint-Saëns et Fauré.
C’est autour de ces trois musiciens que s’articule ce programme.
PETITE SUITE de Claude DEBUSSY
Originellement publiée pour piano à 4 mains en1889, l’œuvre, qui « ne cherche humblement qu’à faire plaisir » fut orchestrée en1907 par Henri Büsser : le succès fut immédiat et ne s’est jamais démenti.
Cette partition ravissante dans laquelle la future personnalité de Debussy se fait évidente, bien qu’on puisse évoquer Fauré ou Chabrier, se compose de 4 pièces brèves, miniaturisées, formant une sorte de suite chorégraphique.
- En bateau, se signale par ses ondulations de barcarolle, régulières et douces.
- Le Cortège qui succède, d’une joliesse un peu apprêtée prend tout son éclat dans la conclusion.
- Le troisième mouvement est un Menuet où s’exhale la mélancolie des ballets romantiques en des formules archaïsantes.
- Le Ballet conclusif présente un thème de valse presque populaire qu’encadre une sorte de bourrée.
Musique admirablement dansante et légère.
CLAIR DE LUNE de Claude DEBUSSY
Tirée de la Suite Bergamasque pour piano, œuvre dans laquelle Debussy s’exprime dans un langage musical neuf et personnel, spécialement en ce qui concerne l’harmonie, cette pièce deviendra avec le temps une des pièces les plus célèbres du compositeur.
Ce premier grand paysage musical debussyste avec sa tendresse rêveuse et sa poésie évanescente et ensorcelante annonce aussi l’avenir, tant par sa thématique (on y entend même fugitivement le fameux motif de 5 notes du Prélude à l’après-midi d’un faune) que par son écriture instrumentale, qui laisse prévoir celle des Estampes et des Images.
MASQUES ET BERGAMASQUES de Gabriel FAURÉ
En Septembre 1918,Fauré reçoit du prince de Monaco la commande d’un divertissement en un acte sur un livret de René Fauchois. Protagonistes : 3 personnages de la Comédie Italienne, Arlequin, Gilles et Colombine.
A l’origine, la partition complète comportait 8 morceaux. La suite d’orchestre voulue par Fauré n’en retiendra que 4 : Ouverture, Menuet, Gavotte et Pastorale.
De l’Ouverture, Gabriel Fauré écrivait à sa femme : Reynaldo Hahn dit que cela ressemble à du Mozart qui aurait imité Fauré.
PELLEAS et MELISANDE de Gabriel FAURÉ
Pelléas et Mélisande, Op. 80, est une musique de scène écrite en 1898 par Gabriel Fauré pour une représentation en langue anglaise, le 21 juin 1898 à Londres, de la pièce Pelléas et Mélisande de Maeterlinck.
Une suite de cinq morceaux pour orchestre fut publiée en 1900, et créée en 1901 par l’Orchestre Lamoureux dirigé par Camille Chevillard. Elle a aussi été arrangée pour piano seul et piano à quatre mains.
La suite apparaît souvent en quatre parties, la « Chanson de Mélisande » étant absente de la plupart des publications. La « Sicilienne » est devenue très populaire, avec des arrangements pour flûte et piano ou d’autres instruments
Le Menuet emprunte quelques éléments à une composition de jeunesse et sa solennité théâtrale fait penser à un pastiche quelque peu figé.
Avec son rythme franc et incisif, la Gavotte vient rompre un instant la mélancolie souriante dont toute cette œuvre est empreinte.
Mais la nostalgie revient avec la Pastorale qui clôt cette suite, et dont le style est du plus pur Fauré. Mis en relief par les sonorités soyeuses des cordes, le chant déploie sa douceur et reste l’un des plus envoûtants du compositeur.
PAVANE de Gabriel FAURÉ
Masques et bergamasques s’achevait à sa création par la célèbre Pavane, l’une des plus populaires de Fauré, écrite en 1887 et revêtue presque aussitôt des vers déliquescents de Robert de Montesquiou.
Une composition d’une troublante nostalgie, toute entière contenue dans le ravissant thème principal chanté par la flûte.
DANSE MACABRE Op 40 de Camille SAINT-SAËNS
Parmi les quatre poèmes symphoniques composés par Camille Saint-Saëns, La Danse Macabre (1875), créée à Paris, est la partition qui a connu le plus de succès.
L’œuvre a pour argument un poème d’Henri Cazalis (poète symboliste français du XIXe), qui s’inspira de textes et peintures de danses macabres du Moyen Age.
A travers les siècles la danse de la mort a été le sujet de nombreuses créations. La Danse Macabre raconte, qu’à minuit, la Mort a le pouvoir d’apparaître dans les cimetières. En jouant de son violon, cette dernière appelle les morts qui sortent de leurs tombes pour danser jusqu’au lever du jour.